




Sulayman Agha a occupé différents postes, dont celui de maître de l'Arsenal avec le titre d’"al-Silahdar". Il faisait partie de l'administration centralisée que Muhammad Ali Pacha (qui a régné de 1805 à 1848) avait mise en place après avoir impitoyablement éliminé la puissante élite mamelouke en 1811. Sulayman a amassé une immense fortune et construit deux grands établissements commerciaux au Caire, ainsi qu'une imposante mosquée sur la Qasaba, la rue principale de la cité médiévale.
Sulayman était connu pour sa cruauté. Le célèbre orientaliste britannique E. W. Lane, qui a visité l'Égypte dans les années 1820 et 1830, l'a qualifié de "tristement célèbre pour de nombreux actes de barbarie". Si la mauvaise réputation de Soliman était méritée, il était fidèle à une longue tradition au Caire, où les Mamelouks avides et belliqueux étaient également de grands mécènes des arts. Son complexe funéraire est malheureusement aujourd'hui dans un état de délabrement avancé. Ses formes sobres et fluides ressemblent au style Art Nouveau qui s'est développé plus d'un demi-siècle plus tard en Europe.
Le complexe funéraire de Sulayman a beaucoup de points communs avec les monuments mamelouks médiévaux du cimetière. Il s'agit d'une immense cour-cimetière fermée avec une arcade sur un côté. Une salle de réception/repos (aujourd'hui effondrée) se trouvait autrefois au-dessus d'une autre arcade de l'autre côté de la cour. Il y a une belle fontaine murale (çesme) de style turc, accessible depuis la rue dans le coin nord-ouest. (Son impressionnante charpente en arche sous la forme d'une moulure en pierre massive s'est récemment effondrée).
Ce Sulayman ne doit pas être confondu avec le premier gouverneur ottoman qui a construit une mosquée dans la Citadelle au début du XVIe siècle, ni avec le Sulayman Pacha al-Fransawi (1788-1860, né Joseph Anthelme Sève), un commandant militaire de l'armée de Muhammad Ali Pacha qui est enterré dans un mausolée en fonte sur la berge du Nil en face du Nilomètre.